Économie et entreprises

Indice Idinvest Partners “Entreprendre” – Mai 2018

25 Mai 2018

Qui sont les entrepreneurs ?

À l’inverse des idées reçues…Les créateurs d’entreprises sont loin d’avoir les mêmes profils ou les mêmes motivations 

Qui sont les entrepreneurs ? Ou, dit autrement, quelles sont les motivations profondes, les valeurs, les visions du monde que portent les créateurs d’entreprise ?

Bien souvent, deux visions caricaturales sont opposées.

Pour certains l’entrepreneur serait essentiellement cupide, ou opportuniste : sa seule motivation serait de gagner un maximum d’argent sur le dos des autres, qu’ils soient salariés ou consommateurs. De l’autre, certains tenteraient de tout expliquer par une vision pouvant apparaître toute aussi caricaturale parfois : le nouvel entrepreneur serait transcendé par une vision uniquement tournée vers l’intérêt général et la société, comme si ces aspirations – certes croissantes – pouvaient expliquer à elles seules l’ensemble des créations d’entreprises, tous secteurs d’activité confondus.

Convaincus que les motivations des entrepreneurs sont plus complexes qu’elles n’y paraissent, Viavoice et Idinvest Partners, en partenariat avec Le Figaro, ont souhaité réaliser une typologie, à partir d’une large enquête réalisée auprès de 1700 personnes souhaitant créer leur entreprise en France.

Des entrepreneurs qui se sentent très différents de leurs ainés

Notre étude met en avant tout d’abord des tendances de fond, majoritairement partagées par tous les profils :

  • L’idée selon laquelle les entrepreneurs d’aujourd’hui sont très différents d’il y a quelques années, par exemple, est partagée par 77 % des personnes souhaitant créer leur entreprise en France ;
  • Le sentiment que le digital crée de formidables opportunités est également partagé par 79 % d’entre eux, ce qui montre que les outils numériques sont aujourd’hui très largement utiles – et utilisés – au-delà des secteurs technologiques proprement dits.
  •  Une très large majorité de notre échantillon d’entrepreneurs partage égalementl’idée selon laquelle entreprendre est la meilleure manière d’être libre et indépendant (79 %) mais aussi d’innover et de créer (78 %). Autre point commun à une grande partie de notre échantillon : 83 % d’entre eux mettent en avant l’idée qu’ « en France, l’argent est trop souvent un tabou », alors que 70 % d’entre eux visent évidemment à « améliorer leur niveau de vie » et « profiter de la vie » en créant leur entreprise, même si ce n’est pas toujours leur première source de motivation.
Quatre profils d’entrepreneurs, quatre types de motivations pour entreprendre

Au-delà de ces attentes et opinions communes, qui montrent certaines tendances fortes parmi les nouveaux entrepreneurs, quatre profils peuvent être distingués.

Le premier profil type rassemble des « créatifs » : à l’image des pionniers de la Silicon Valley ou des pépites de la station F, ces entrepreneurs souhaitent créer leur entreprise afin d’«exploiter davantage leurs compétences et leur créativité » et « concrétiser une idée, une vision ». Résolument engagés vers l’innovation, ils sont très attachés aux valeurs de liberté et d’indépendance, ainsi qu’à la « détermination », une valeur capitale à leurs yeux. Naturellement, ils voient dans le digital une formidable opportunité pour développer leur business, quel que soit leur secteur d’activité.

Le deuxième profil, celui des « altruistes », est également en passe de disrupter un certain nombre de marchés et d’activités, mais avec une stratégie et une vision très différente. Partageant avec le premier groupe le goût de l’innovation et du digital, ils vont en revanche moins mettre en avant la détermination, la liberté et l’indépendancecar pour eux c’est le travail en équipe et l’aventure collective qui prime. Leurs valeurs sont celles de la solidarité, de la tolérance et de la bienveillance. Ils sont donc naturellement plus enclins à développer des externalités positives sur le plan social ou environnemental.

Le troisième profil, celui des « ambitieux », est très différent de ces derniers. S’il partage avec le premier groupe le goût de la liberté, sa priorité n’est pas l’innovation ou la disruption, mais l’effort, le courage et la « certitude de réussir ». Leur aspiration est d’abord d’élever leur niveau de vie pour « profiter de la vie » ou encore pour accumuler un patrimoine, pour eux-mêmes comme pour leurs proches. Mais cette aspiration hédoniste n’est pas pour autant égoïste, ou exclusive : selon eux, « tout le monde devrait avoir l’ambition de devenir riche dans sa vie ».

Enfin, le quatrième profil, celui des « travailleurs éthiques », s’il partage avec le deuxième groupe une aspiration à l’utilité collective, c’est à travers une vision plus traditionnelle : pour ces entrepreneurs, donner du sens à sa vie c’est d’abord par la transmission (d’un savoir faire, d’un métier), mais aussi par la morale et l’éthique. Ils valorisent donc, au même titre que les « ambitieux hédonistes », le goût de l’effort et du courage, constitutifs de cette éthique revendiquée. Il se montrent également attachés à leur famille et leur entourage, auxquels ils souhaitent transmettre quelque chose, et être reconnus de leur part en retour.

Deux axes structurants : le rapport à l’innovation, et le sens donné l’ambition personnelle ou collective

Ainsi, certains entrepreneurs privilégient l’innovation et la créativité, avec la volonté de disrupter leur secteur, quand d’autres valorisent le savoir-faire, et comptent se différencier par l’effort, le courage, c’est-à-dire une certaine « valeur travail ».

Certains privilégient la réussite personnelle et le dépassement de soi, quand d’autres se montrent plus attachés à l’ambition collective, au travail en équipe, ou encore mettent en avant une vocation : celle d’être utile à la société.

Cette utilité elle-même n’est pas monolithique, puisque certains mettront en avant leur impact social et environnemental, quand d’autres privilégieront la production de produits ou de services utiles au plus grand nombre, ou encore la valorisation d’un savoir-faire, d’un métier, et d’une éthique professionnelle.

Pour autant, ces différentes vocations et aspirations ne s’opposent pas : elles montrent plutôt des priorités différentes au moment de la création d’entreprise et, au-delà, dans la vie de l’entreprise par la suite.

Mais surtout ces visions ne se contredisent pas : cette typologie montre qu’il n’y a pas une seule manière d’appréhender l’ambition entrepreneuriale, mais bien plusieurs. Et que chacune a, d’une certaine manière, sa propre légitimité.

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