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L’indice sociétal Viavoice-Huffington Post : Vivre en France est une chance, ce sont les Français qui le disent

 L’indice sociétal Viavoice-Huffington Post est né de la volonté de disposer de capteurs plus fins pour mieux comprendre les populations. Les lectures conventionnelles se cantonnent ainsi trop souvent à des indicateurs économiques, certes essentiels, mais non suffisants pour expliquer le vécu, le ressenti des citoyens. Pour illustration, le fait que la France ne soit plus en récession économique n’a pas conduit les Français à un sentiment de “sortie de crise”. Aux Etats-Unis, la focalisation sur la baisse du chômage sous la présidence de Barack Obama n’a pas permis de percevoir la “révolte” des cols bleus de la Rust Belt (les régions désindustrialisées du Nord Est des Etats-Unis) qui permettent partiellement d’expliquer la victoire de Donald Trump.

 La première édition de décembre 2016 avait mis en perspective cette ambiguïté: les Français se sentaient majoritairement biens, mais inquiets sur leur avenir.

Est-ce que la campagne présidentielle est de nature à modifier les perceptions? A les rassurer? Voient-ils un espoir dans le fait que cette élection ne soit pas une simple revanche de la précédente, avec les mêmes protagonistes? Ou se sentent-ils déstabilisés par l’actualité judiciaire qui l’accompagne et les différents arguments de campagne?

 Vivre en France est une chance

L’indice global demeure stable (à 44,4 contre 44,7 lors de la précédente édition).

A ce stade, la perspective de l’élection n’a pas renforcé les divisions entre Français, ce que l’on pouvait craindre au regard des intentions de vote élevées en faveur des extrêmes. 47% des répondants déclarent, comme lors de la précédente mesure, que la société est divisée, mais que ces divisions sont inévitables dans un pays démocratique. 44% jugent toutefois que ces divisions sont trop fortes, en léger tassement par rapport à décembre dernier (-3pts). Les Français n’ont donc pas le sentiment d’être au bord de la guerre civile, même s’ils souhaiteraient une cohésion sociale plus forte.

 Autre élément qui vient casser de nombreuses idées reçues: les Français continuent de s’estimer très majoritairement chanceux de vivre en France (80%) et même plus précisément de vivre dans leur commune ou leur quartier (+4 pts). Loin de l’image d’un peuple systématiquement mécontent, les résultats dressent au contraire le portrait d’une population qui, malgré les difficultés, s’estime chanceuse d’être là où elle est, même si l’absence de visibilité d’un futur attractif et exaltant est génératrice d’une anxiété croissante.
 
Ainsi les opinions se montrent nettement moins favorables dès lors que l’on se projette dans l’avenir ou que l’on dépasse la sphère individuelle.

La confiance pour sa situation personnelle à l’avenir? 65% se déclarent inquiets. Et les femmes se montrent encore plus inquiètes que les hommes. Cet indicateur est souvent lié aux tensions du monde professionnel et les inégalités persistantes entre hommes et femmes ne sont pas de nature à inverser cette tendance. Notons aussi que le pic de cette inquiétude se situe auprès des personnes en âge d’être bien ancrées dans la vie professionnelle (35-49 ans). Trop jeunes pour être protégées par la perspective d’une retraite prochaine. Mais trop âgées pour disposer d’un optimisme naturel. Le tout dans un cadre professionnel qui, en France, délivre le sentiment d’être âgé dès 45 ans…

Plus inquiétant et révélateur des angoisses, seuls 34% des Français déclarent avoir le sentiment de pouvoir contribuer à faire évoluer ce qui ne convient pas dans la société. Ce fatalisme illustre très bien la singularité d’une période durant laquelle les promesses d’une démocratie plus directe appuyée par les outils numériques ne se sont pas encore illustrées par leur efficacité. Alors que les corps intermédiaires (partis politiques, églises, syndicats,…) n’ont cessé de décliner, laissant le sentiment à l’individu que sa voix est isolée, sans portée.

Autre illustration de ce sentiment de ne plus avoir prise sur les évolutions, 62% des Français estiment que la démocratie fonctionne mal (contre 59% en décembre). Est-ce aussi lié au vieillissement de nos institutions? A la qualité du débat démocratique? Au sentiment de ne pas être représenté? Les hypothèses sont multiples, mais il conviendra d’avoir en tête que seuls 23% des Français estiment que la campagne actuelle répond aux enjeux essentiels pour la France. Que seuls une petite moitié de Français (49%) estime que cette campagne aura un impact sur leur vie quotidienne. Que seuls 16% estiment que les propositions des candidats sont innovantes.

En somme, cette campagne ne parvient pas encore à renforcer la vitalité démocratique puisqu’elle engendre avant tout de la confusion (44%) et de la crainte (40%). Seuls 16% des Français répondent de l’espoir.

Il serait facile de s’adonner au sport national visant à critiquer les politiques. Mais cet indice, à tout juste un mois de l’élection, vient rappeler l’urgence à innover. A proposer des perspectives qui ne se cantonnent pas à assainir les finances ou à réparer nos failles. L’enjeu consiste, plus que jamais, à proposer un véritable projet de société. Une vision offrant à chacun sa place afin que le changement ne soit plus perçu comme un déclin mais comme une perspective aussi stimulante que crédible.

 

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