Santé et interêt général

Le Baromètre des Décideurs – Mars 2018

Les perspectives économiques s’améliorent en dépit des mouvements sociaux

Alors que de nombreux mouvements sociaux sont prévus au printemps (à la SNCF et dans la fonction publique, notamment, mais aussi de la part des retraités ou dans le secteur privé), ressurgit à nouveau un spectre bien français : celui d’une contestation sociale généralisée, à travers une « convergence des luttes » entre catégories aux objectifs distincts, mais unis dans la volonté de faire reculer le gouvernement.

Dans ce contexte, et compte tenu du poids de l’opinion publique dans la réussite ou l’échec d’un mouvements social, notre étude montre une situation incertaine : si d’une part une (courte) majorité des décideurs et du grand public se montre favorable aux réformes de la fonction publique et de la SNCF, on mesure également des doutes sur la méthode (les ordonnances) et une attente de négociation en cas de conflit dur, ce qui n’est pas aujourd’hui la voie privilégiée par l’exécutif.

Pour autant, cette situation n’inquiète pas outre mesure les Français : au contraire, leurs perspectives économiques s’améliorent depuis janvier, parallèlement à l’arrivée du « printemps social ».

Réformes : des mesures saluées, mais une méthode questionnée

Indéniablement, l’opinion publique porte pour l’instant un regard plutôt positif sur les réformes de la fonction publique et de la SNCF :

  • Une courte majorité de Français soutient ainsi la réforme de la fonction publique (52 %) et celle de la SNCF (59 %), comme une majorité plus large de décideurs (à 57 % et 71 %) ;
  • Si l’on regarde dans le détail des mesures les plus emblématiques, le grand public est également favorable à un plan de départ volontaire dans la fonction publique (à 63 %), à une généralisation de la rémunération au mérite des fonctionnaires (56 %) ou à la fin du recrutement au statut de cheminot pour les nouvelles recrues de la SNCF (59 %).

Pour autant, ces opinions en faveur de la politique gouvernementale peuvent sembler fragiles à certains égards.

D’une part, car si la réforme de la SNCF issue du rapport Spinetta a judicieusement évacué de celui-ci une mesure très impopulaire, celle de la suppression des lignes de train non rentables (à laquelle 76 % des Français s’opposent), le choix de laisser à plus tard – et sans doute à des régions exsangues financièrement – la question de leur financement peut être un facteur d’inquiétude au sein de l’opinion publique. Les organisations syndicales l’ont bien compris, mettant davantage en avant cet argument de service public, plutôt que celui du statut, dans leur volonté de convaincre l’opinion publique.

D’autre part, des réserves sur la méthode employée par le gouvernement apparaissent dans notre enquête :

  • Le recours aux ordonnances plutôt qu’à la voie législative classique pour la réforme de la SNCF n’est ainsi « pas justifié » pour 41 % des Français, contre 40 % qui le trouve justifié ;
  • Et 51 % du grand public comme 53 % des décideurs souhaiteraient que le gouvernement « entame des négociations pour amender ses projets de réforme sur certains points » en cas de mouvement social de grande ampleur. Une attente loin des intentions récentes de l’exécutif, qui tout en entamant des pourparlers affiche aussi une volonté de ne pas céder face aux mobilisations et aux grèves du printemps.

Loin des incertitudes sociales, le moral économique des décideurs comme celui des Français s’améliore en mars

Si l’incertitude est réelle concernant l’ampleur des mobilisations à venir – 45 % du grand public s’attend à de fortes mobilisations, contre 44 % d’un avis contraire – il apparaît en tout cas que celles-ci n’altèrent pas la confiance économique.

Ainsi, le moral des décideurs progresse en mars de 5 points, après une décrue en janvier.

Dans le détail, ce sont surtout les perspectives d’emploi qui s’améliorent :

  • 40 % des décideurs pensent que le nombre de chômeurs diminuera dans les mois à venir, un chiffre en hausse de 7 points depuis janvier et de 17 points depuis un an.
  • Auprès du grand public, 31 % des personnes interrogées s’attendent également à une décrue du chômage, en hausse de 7 points en deux mois.
  • Et cette amélioration des perspectives d’emploi améliore à son tour la motivation dans les entreprises : 45 % des décideurs trouvent leurs collaborateurs « motivés » (+4), comme 36 % des actifs (+5).

Seule ombre au tableau en matière de perspectives économiques : la question du pouvoir d’achat. Seuls 28 % des décideurs (-4 points) et 23 % du grand public (stable) pensent que celui-ci s’améliorera dans les mois à venir, contre respectivement 30 % et 46 % qui anticipent plutôt une dégradation des finances des ménages.

Cette situation n’est pas nouvelle : les phases de reprise économique ayant tendance à atténuer les inquiétudes sur l’emploi, l’enjeu du pouvoir d’achat redevient prépondérant pour les Français. Et il l’est d’autant plus que de nombreuses catégories peuvent avoir le sentiment d’un décalage entre une situation générale qui progresse et leur situation personnelle, qui reste difficile ou ne s’améliore pas.

Dès lors, si une « convergence des luttes » entre les différents mouvements sociaux est encore très incertaine, une certaine « convergence des insatisfactions » n’est toutefois pas à exclure dans les mois à venir.

Retrouvez les résultats complets de l’étude

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