Économie et entreprises

Le Baromètre des Décideurs – Les enjeux économiques du président élu – Mai 2022

Face à la guerre en Ukraine et à l’entrée dans un nouveau quinquennat
Des inquiétudes qui s’enracinent

Alors que la campagne présidentielle vient de toucher à sa fin en consacrant la réélection du président sortant Emmanuel Macron, force est de constater que la période ne semble pour l’instant pas dynamiser les projections. Le déclenchement de la guerre en Ukraine, venue amplifier des craintes déjà présentes sur le pouvoir d’achat et la question de l’inflation, vient souffler sur les braises des tourments connus par l’opinion.

Si le début d’année et l’édition du baromètre réalisée au mois de février semblait dessiner les contours d’un nouvel élan pour l’année 2022, la nouvelle livraison du baromètre des décideurs révèle des craintes et inquiétudes pour les séquences à venir.

Un contexte économique qui fragilise les anticipations pour l’avenir

Sur la quasi-totalité des indicateurs, cette nouvelle prise de température de l’opinion concernant les perspectives économiques souligne un nouvel état de fragilité après l’éclaircie mesurée en début d’année.

  • Premier signal d’alarme : la chute du moral des décideurs enregistre une baisse de 7 points pour s’établir à -23, son score le plus bas depuis près d’un an (-30 en mai 2021).
  • En cause, 60 % des décideurs estiment que le niveau de vie en France se dégradera d’ici un an (+ 4 points), 42 % que le chômage augmentera (+6 points) et 47 % que leur situation financière va se dégrader (+11 points depuis février).
  • Le grand public n’est pas en reste et est également marqué d’inquiétudes sur ces différents aspects : 61 % des Français pensent que le niveau de vie en France va se dégrader, 46 % que le niveau de chômage va augmenter et, toujours très activement préoccupés par l’enjeu du pouvoir d’achat, ils sont 54 % à craindre que leur situation financière se dégrade dans les prochains mois, soit 7 points de plus qu’il y a deux mois.
  • Dans le monde professionnel, les indicateurs sont plus mesurés : si la motivation des collaborateurs apparaît reprendre du souffle aux yeux des décideurs (+3 points depuis février), les opportunités professionnelles seront pour eux plus faibles dans les mois à venir, même si la perception des actifs en général est relativement stable.

C’est dès lors à une valorisation des entreprises produisant en France, une baisse d’impôts sur les ménages, une baisse des prélèvements sur les entreprises et une simplification des règles qui s’appliquent aux entreprises qu’en appellent les décideurs. Si les actifs espèrent également des baisses d’impôts et la valorisation du made in France, c’est aussi par une augmentation du SMIC et des aides ciblées sur les jeunes que la relance est attendue.

Un jugement sévère sur la campagne présidentielle 

A l’image de critiques pointant l’absence de campagne présidentielle ou le caractère inédit de celle-ci, l’opinion est tout aussi sévère vis-à-vis du « bilan économique » de cette campagne :

  • Concernant la « qualité » de la campagne en termes de sujets économiques, d’abord : près de 7 Français sur 10 (69 %) et 81 % des décideurs considèrent que la campagne n’a pas apporté d’idées neuves sur les enjeux économiques alors même que ces derniers mois ont vu le sujet du pouvoir d’achat structurer les discussions et propositions des candidats ;
  • S’agissant de la place qu’ont occupé ces enjeux : le bilan est là aussi sévère. 61 % des Français et 68 % des décideurs considèrent qu’ils n’ont pas occupé suffisamment de place dans la campagne présidentielle.

Pour le nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron, le « difficile » défi de rassurer dans un contexte instable

Face à l’ouverture d’une nouvelle étape de la vie politique française, les enjeux économiques plébiscités par l’opinion sont principalement structurés autour de trois attentes :

  • Une baisse importante des prélèvements sur les ménages, espérée par 51 % des décideurs et 44 % des Français ;
  • La lutte contre les déserts médicaux, priorité pour 38 % des cadres et 46 % des Français ;
  • Enjeu mis en lumière pendant la campagne présidentielle, le redémarrage du programme nucléaire de la France s’impose comme le troisième chantier d’action économique à privilégier par Emmanuel Macron.

Les défis s’annoncent donc majeurs et essentiels pour panser les plaies d’une société française fracturée et qui doute de la capacité d’Emmanuel Macron à mettre en œuvre l’intégralité de son programme : seul ¼ de la population et 34 % des décideurs le pensent possible.

Au-delà des seuls indicateurs, c’est la question de la réconciliation nationale qui se trouve au cœur des enjeux alors même que les difficultés que connaissent le monde et la France depuis plusieurs semaines laissent craindre, pour près des trois quarts de la population française, des mouvements sociaux de grande ampleur dans les mois qui viennent.

 

Stewart Chau et Adrien Broche
Viavoice

Par :

François Miquet-Marty
Stewart Chau
Adrien Broche

 

Publié le 02/05/2022

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