Redonner à la France une dynamique économique
Agir par la fiscalité, le travail et le moral économique
Comment redonner à la France une dynamique économique ?
Alors que la croissance fléchit (0,1 % au premier trimestre 2025), que la dette publique flambe et que l’isolationnisme prospère sur la planète, quels atouts la France peut-elle faire valoir ?
La fiscalité, le travail et le moral économique constituent trois leviers majeurs, explorés par cette nouvelle livraison du Baromètre des Décideurs Viavoice – HEC Paris – BFM Business – L’Express.
Si la stabilité est souvent privilégiée, se dessinent à travers les résultats de cette étude, explicitement ou implicitement, des aspirations en faveur de nouvelles répartitions de dépenses publiques, de nouveaux rapports au travail, et d’innovations porteuses d’espoir.
Fiscalité : le grand paradoxe français, et le souhait de nouvelles répartitions de la dépense publique
C’est un immense paradoxe français : dans un pays qui se singularise par l’ampleur de ses prélèvements par rapport au PIB (46 %), une large majorité de Français (60 %, ainsi que 59 % des Décideurs) estiment en retour « ne pas en avoir pour leurs impôts ».
Cette insatisfaction procède pour une part d’un manque d’efficacité de la dépense publique ; elle relève également d’une imparfaite allocation des ressources aux yeux des intéressés : pour beaucoup, les clés de répartition des dépenses semblent inadaptées.
Aux yeux des Français, les dépenses sont « trop importantes » concernant en priorité :
- Le « fonctionnement des administrations publiques » (47 %) ;
- Les « intérêts de la dette » (42 %).
En revanche, les dépenses apparaissent insuffisantes s’agissant principalement :
- De « la justice » (62 %) ;
- De la « sécurité » (58 %).
De manière singulière, les dépenses sociales (santé, environnement, retraites) suscitent moins de préventions et d’engouements.
Travail : les promesses des nouvelles conceptions
Les évolutions en matière de conceptions du travail portent-elles des promesses d’avenir ? La réponse est positive selon 52 % des décideurs, et 54 % des Français.
Ces perceptions sont surprenantes en regard des a priori volontiers critiques concernant le « travail des jeunes ». Loin d’une complainte, elles soulèvent des espoirs, à condition que les entreprises sachent s’y adapter :
- Une quête de sens bénéfique à l’engagement ;
- L’innovation et l’adaptabilité ;
- Une mise en question des anciens modèles parfois préjudiciables ;
- Une ouverture à la diversité et à l’inclusion.
Moral économique : conjurer le nouveau déclinisme français
Pour sa part, le moral économique du pays demeure pénalisé par les anticipations, particulièrement macro-économiques : 67 % des Décideurs, et 71 % des Français estiment que « d’ici un an, le niveau de vie dans l’ensemble se dégradera ». Certes, ces perceptions négatives sont en érosion de quelques points par rapport aux résultats enregistrés il y a deux mois (respectivement de 4 et de 3 points). Mais le pessimisme demeure très élevé.
Concrètement, ni la dissolution, ni le gouvernement Bayrou, ni l’intervention du président de la République le 13 mai dernier n’ont véritablement changé la donne pour le moment. Pour reprendre espoir, les Décideurs et les Français peuvent désormais tourner leurs regards vers de nouvelles politiques économiques ou vers l’action des entreprises en matière d’innovations et de performances.
En cette fin mai 2025, la France doute d’elle-même. Pourtant, des leviers existent. En ce moment parlementaire si fragile, cette nouvelle livraison du Baromètre des Décideurs laisse entendre que si la stabilité a ses vertus, l’immobilisme a aussi ses mécomptes.
François Miquet-Marty et Adrien Broche, Viavoice