Le monde évolue, et la société avec elle, à un rythme de plus en plus rapide, notamment en raisons des nouvelles technologies. Mais le digital, la robotisation ou l’intelligence artificielle ne sont pas les seules promesses – ou les seules inquiétudes, selon les points de vue – pour les années à venir : dans le monde du travail, dans les familles, dans nos modes de consommation, de grands changements sont actuellement en cours, ou annoncées dans un futur proche. Comment les séniors perçoivent ces mutations de société ? Qu’en pensent-ils ? Et que conseillent-ils aux nouvelles générations, à la faveur de leurs expériences de vie ?
Viavoice et Harmonie Mutuelle ont souhaité interroger les Français de plus de 70 ans sur ces enjeux d’aujourd’hui et de demain. Et leurs réponses ne correspondent pas toujours à ce que l’on aurait pu imaginer.
La « part d’incompréhension » : un rythme de changements inédit et insaisissable
Le constat est sans appel : pour 87 % des séniors interrogés, la société a beaucoup changé depuis une dizaine d’années seulement. Et loin de s’arrêter à quelques aspects de nos vies, ce constat transcende différents enjeux :
– Pour 92 % des Français de 70 ans et plus, le travail a beaucoup changé ;
– Pour 87 %, « les familles en France » ont beaucoup changé ;
– Et enfin pour les trois quarts (75 %) d’entre eux, « personne ne connaît encore les technologies et les modes de vie qui existeront dans 20 ans ».
En d’autres termes, non seulement le changement actuel est perçu comme profond et lié à de multiples enjeux, mais l’avenir est en partie insaisissable : pour les séniors interrogés, nous ne savons pas encore où nous allons.
Dès lors les mutations en cours portent en elles une part d’incompréhension pour ces publics de 70 ans et plus : pour une large majorité d’entre eux, la société « évolue trop vite » (61 %), leur donnant le plus souvent le sentiment de « ne plus comprendre la société d’aujourd’hui » (59 %).
La « part d’inquiétude » : des séniors inquiets pour demain, mais pas prioritairement en raison des nouvelles technologies ou des évolutions culturelles
Au-delà de ce sentiment d’incompréhension, les changements (actuels ou à venir) sont également porteurs d’inquiétudes pour les séniors :
– Pour 60 % d’entre eux, les jeunes générations ont davantage de difficultés que leur génération au même âge ;
– Et pour deux séniors sur trois (66 %), « l’avenir est davantage source d’inquiétudes que d’espoirs ».
Pour autant, les craintes mises en avant par les séniors ne sont pas toujours celles que l’on croit : les évolutions technologiques, l’évolution des identités culturelles (21 % chacun), ou encore les valeurs des nouvelles générations (18 %) sont peu citées en tête des inquiétudes.
À l’inverse, la violence et les conflits dans le monde (76 % d’inquiets), les risques environnementaux tels que le réchauffement climatique (67 %) et dans une moindre mesure les crises sanitaires (40 %) constituent des menaces beaucoup plus sérieuses pour eux.
L’autre sujet d’inquiétude majeur des séniors est lié au travail : 86 % d’entre eux pensent qu’il est plus difficile de trouver un travail aujourd’hui qu’à leur époque, 74 % qu’il est plus difficile de garder son emploi. Et une majorité (58 %) pense également qu’il est plus difficile de concilier vie professionnelle et vie personnelle qu’avant.
Enfin, parmi les principales évolutions perçues au travail, l’augmentation de la précarité (63 %) est bien davantage citée que la robotisation (51 %) ou la digitalisation (40 %).
Loin de l’image d’une « vieillesse » déconnectée de la société et des nouveaux modes de vie, notre étude met donc en avant des inquiétudes très concrètes, et très actuelles : le travail, l’environnement, la sécurité, la santé.
À travers ces craintes exprimées, la majorité des séniors montre ainsi un vif intérêt pour les enjeux d’aujourd’hui et de demain, plus qu’une incompréhension face à des évolutions technologiques ou culturelles dont ils pourraient se sentir exclus. En d’autres termes, leurs craintes s’apparentent moins à une « peur de l’avenir » qu’à des inquiétudes sincères pour les plus jeunes générations.
La « part d’espoir » : des progrès attendus en matière de santé
Tout n’est cependant pas noir dans les perspectives de nos aînés : parmi leurs principaux motifs d’espoirs ressortent ainsi « la prise en compte croissante de l’environnement » (55 %) mais surtout « les avancées de la médecine » (75 %), qui arrive largement en tête des citations.
Dans le détail, on observe d’ailleurs un grand nombre d’améliorations perçues en matière de santé :
– 41 % des séniors interrogés pensent que la santé des gens en général s’améliorera dans les années à venir, contre seulement 31 % qui pensent qu’elle se dégradera ;
– 73 % pensent également que la recherche médicale progressera plus vite dans les années à l’avenir qu’au cours des années passées.
Enfin, la santé connectée apparaît comme une source d’espoirs plutôt que de craintes : 58 % des séniors pensent qu’elle « améliorera la prévention et le suivi des patients au quotidien » et 61 % qu’elle « permettra aux professionnels de santé de mieux suivre les patients », même s’ils sont également 66 % à souhaiter des « garanties importantes pour assurer la confidentialité des données médicales personnelles ».
Pour demain, les séniors appellent les jeunes générations à privilégier des valeurs de tolérance et de solidarité d’une part, de travail et de courage d’autre part
Entre espoirs et inquiétudes légitimes, entre une vision de la société très lucide et une part d’incompréhension, les séniors montrent finalement un regard assez réaliste sur notre société et notre avenir.
Dans ce contexte, ils citent en priorité quatre valeurs que les jeunes générations devraient valoriser en priorité pour l’avenir : la tolérance et la solidarité d’une part, le travail et le courage d’autre part. Comme une réponse aux difficultés d’aujourd’hui et aux risques de demain, quels qu’ils soient.