Santé et interêt général

Baromètre France 2025 – Se soigner en 2025

France 2025, panser les diffractions

Face aux vulnérabilités, la santé comme bien commun

Cette première édition du Baromètre France 2025 Générali – Viavoice et Radio Classique avec le GCF s’inscrit dans un contexte totalement inédit. Près de deux ans après le début de la crise sanitaire dont on ne mesure pas encore totalement l’ampleur des conséquences et à l’aune d’une campagne présidentielle censée formuler un nouvel idéal en réponse à ce séisme mondial, les enjeux sont nombreux et décisifs. L’ambition d’un tel baromètre est donc de mesurer l’état d’esprit des Français et leurs projections sur un ensemble d’enjeux afin d’accompagner les réflexions en cours en vue des prochaines échéances démocratiques. Quelle France veulent les Français en 2025 ? Dans quelle France se projettent-ils ?

La première édition de ce baromètre, consacrée à la santé et aux soins dans la France qui vient, livre un triple constat : d’abord, face à l’avenir, des diffractions se révèlent, exprimant deux visions opposées de l’avenir, mêlant d’un côté des craintes réelles quant au devenir de la France et de l’autre une frange optimiste qui préfère aux inquiétudes l’espoir des temps qui viennent. Puis, une défiance majeure envers les propositions politiques actuelles laissant penser que les réponses apportées aux enjeux ne peuvent, en l’état, procéder du politique. Enfin, face à la santé, c’est l’inquiétude des inégalités croissantes qui s’exprime, comme si la crise actuelle avait aussi amplifié la nécessité d’agir pour l’accès aux soins à tous et l’envie de rallonger la vie…

France 2025 : l’inquiétude défie l’avenir

Les projections des Français en 2025 laissent transparaître des clivages assez nets dans la population.

– D’abord deux « Frances » se dessinent, d’un côté la majorité de Français qui se dit inquiète en pensant à la France dans les années qui viennent (62 %) et de l’autre un tiers (34 %) encore optimistes et qui se projettent avec confiance dans la France de 2025.

– Mais ce constat global révèle aussi de nombreuses fractures sociales, générationnelles : face à l’avenir les catégories sociales moins privilégiées (employés / ouvriers) restent bien plus inquiètes que la moyenne nationale et que les cadres (9 points d’écart) et enfin, les jeunes restent bien plus confiants que leurs ainés sur l’appréhension de la France en 2025 (jusqu’à 12 points d’écart).

En ligne avec cette crainte globale concernant l’avenir, un indicateur frappant de l’étude : les parents expriment très majoritairement une crainte pour l’avenir de leurs enfants :

– 76 % des parents d’enfants de moins de 18 ans se déclarent inquiets pour l’avenir de leurs enfants, contre 22 % qui se disent confiants. Dans le détail, ceux qui se disent très inquiets sont six fois plus nombreux que ceux qui se déclarent très confiants (4 %).

– Là encore, ce sont les publics les plus favorisés (cadres) qui semblent les plus sereins pour l’avenir de leurs enfants. A ce titre, lorsque 34 % des cadres se disent confiants pour l’avenir de leurs enfants, ils ne sont que 15 % des parents employés ou ouvriers.

Une crise de la « représentativité des préoccupations » : l’absence de réponse politique

En regard de ces inquiétudes frappantes, les Français dénoncent une forme de déconnexion entre leurs sujets de préoccupation nécessaires pour l’avenir et les enjeux perçus dans le débat politique.

– Pour préparer la France en 2025, les Français identifient très clairement les sujets qui doivent constituer des préoccupations majeures. Ils se déploient sur plusieurs registres : le pouvoir d’achat (42 % des Français souhaitent qu’on se préoccupe de ce sujet pour l’avenir), la santé (40 %), l’environnement (37 %), la sécurité (33 %) et l’éducation (33 %).

– De plus, les sujets prioritaires pour les Français sont marqués par des différences générationnelles : 44 % des 50 – 64 ans évoquent l’insécurité des biens et des personnes (+ 11 points par rapport à la moyenne nationale) et 40 % des 65 ans et plus s’intéressent de près aux problématiques liées au terrorisme (+ 9 points par rapport à la moyenne nationale). Quant aux 35 – 49 ans, ils émettent un intérêt particulier pour les thématiques économiques (avec une surreprésentation des Français préoccupés par le pouvoir d’achat et la croissance économique). Les plus jeunes sont, quant à eux, plus nombreux à se déclarer préoccuper par les sujets liés à la culture, aux nouvelles formes de travail et à l’environnement près de chez eux.

-Mais la question de la représentativité de ces enjeux dans le débat politique actuel se pose très clairement. Les Français expriment une certaine forme de décalage avec les sujets qu’ils jugent prioritaires. Si l’environnement, la santé et la sécurité restent représentés, leur niveau de présence est en deçà de leur importance.

– Pire encore, des sujets surreprésentés dans la campagne apparaissent comme en décalage avec l’importance donnée à ces enjeux. A titre d’exemple, 39 % des Français estiment qu’on parle surtout d’immigration pendant cette campagne, plaçant cet enjeu en premier, alors qu’il n’est qu’à la 7ème place des sujets qu’ils considèrent prioritaires pour préparer l’avenir.

– A l’inverse, seuls 13 % des Français estiment qu’on parle d’éducation dans la campagne actuelle et dans le débat politique alors qu’ils sont 33 % à considérer que pour préparer la France en 2025 il faut surtout se préoccuper de cet enjeu. Enfin, on remarque aussi une sous-représentation de certains enjeux dans le débat actuel, notamment celui lié à la jeunesse, à la relocalisation en France des activités économiques, aux luttes contre les fractures territoriales ou encore au grand âge et à la dépendance.

De ce fait, c’est une défiance vis-à-vis de l’offre politique actuelle qui s’exprime ici, d’ailleurs 73 % des Français considèrent que la campagne présidentielle actuelle, bien qu’elle vienne tout juste de se lancer, n’apporte pas de bonnes idées, 27 % disent même qu’elle n’apporte aucune bonne idée pour préparer la France de 2022. Un constat qui est partagé de manière homogène dans la population française, preuve que cet exil politique semble fédérer la population. D’ailleurs, aucune personnalité politique n’émerge vraiment comme porteuse de solution : 38 % ne parviennent pas à se positionner sur une personnalité politique. Le constat est d’autant plus alarmant chez les jeunes, qui sont 52 % à ne pas répondre.

Se soigner en 2025 : garantir un accès libre et égal aux soins

Premier constat majeur, les Français restent partagés sur la fin de la crise sanitaire. Si 43 % estiment qu’elle sera totalement terminée entre cette année et 2023, 41 % estiment qu’en 2024 voire plus le Covid restera un enjeu présent.

– Loin de livrer une perception renforcée de notre système de soins, la crise a surtout révélé le caractère fragile de ce système dont chacun mesure le caractère précieux et la nécessité de le faire perdurer. En ce sens, 62 % des Français sont inquiets concernant le système de santé en 2025, en ligne finalement avec la confiance dans le pays (CF page précédente).

– Pour l’avenir du système de santé en France, les attentes des Français se déploient sur trois registres principaux : d’abord une nécessité de garantir un accès égal aux soins sur l’ensemble du territoire, puis de promouvoir des conditions de travail favorables à la santé, engageant là l’ensemble des acteurs politiques et économiques, et enfin l’importance du lien à établir entre santé et environnement, car maîtriser les risques environnementaux apparaît comme une nécessité inévitable pour les Français afin de préparer la France en 2025.Mais ces perceptions livrent aussi une vision singulière de la santé à l’avenir qui devra répondre de deux dynamiques :

– D’abord garantir la liberté et donc la responsabilité aux personnes étant déjà trop réglementées (c’est l’avis de 47 % des Français). D’ailleurs face à cette ode à la liberté et la responsabilisation de l’individu, force est de constater que plus d’un tiers de la population préfère une intervention plus stricte en amplifiant les restrictions et les incitations pour favoriser les comportements vertueux ;

– Puis ensuite donner corps à l’idée d’une santé qui augmenterait la vie (permettant de lutter contre le vieillissement, l’augmentation des capacités mentales et physiques…)

La France de 2025 saura renouer avec un élan plus positif à une double condition : traduire dans une offre politique un idéal, un horizon désirable en phase avec les enjeux identifiés par les Français, et répondre à des inquiétudes qui puisent leur source dans une forme de vulnérabilité ressentie en œuvrant à la préservation de ce qui fait commun.

 

Par :
Stewart Chau
François Miquet-Marty
Publié le 13/10/2021

Dans la même rubrique

Les jeunes et l’alternance.

Les jeunes et l’alternance.

Face à leur avenir professionnel, les 18-29 ans se déclarent majoritairement optimistes, à 74%. Parmi eux, ce sont les alternants qui se montrent les plus positifs : la quasi-totalité d’entre eux (97 %) se disent pleinement confiants sur leur avenir professionnel. Cet...

Le Baromètre des Transitions

Le Baromètre des Transitions

Réglementer : pour ou contre la planète ? L’insoluble casse-tête de la transition écologique L’année politique s’est ouverte sur une crise sociale majeure représentée par le mouvement de colère des agriculteurs. Sa particularité résidait dans son caractère largement...

Share This