Politique

Baromètre des décideurs. Viavoice – HEC – Le Figaro – BFM Business. Mars 2023

Après la réforme des retraites
Le réformisme économique à l’épreuve

Cette nouvelle édition du baromètre des décideurs Viavoice – HEC – Le Figaro et BFM Business entend prendre le pouls du moral des cadres et de l’opinion dans une séquence « retraites » qui devrait arriver à son terme. S’est alors ajoutée à une crise sociale massive une crise politique qui fait suite à l’adoption du texte par l’article 49 alinéa 3 par le gouvernement. Qu’en est-il alors de « l’après-retraites », l’opinion et les cadres sont-ils disposés à tourner la page ? Ce sont les questions auxquelles le baromètre s’efforce d’apporter des réponses.

Le moral des cadres : une rechute mais pas d’effondrement

Alors que l’édition de janvier 2023 soulignait une dégradation du moral des décideurs français qui marquait le pas, cette nouvelle livraison du baromètre témoigne d’une rechute de l’indice du « Moral des décideurs » qui s’établit à – 41 et retrouve ainsi son score du mois de décembre 2022. Si aucun effondrement n’est à constater, la majorité des indicateurs s’avèrent en effet en baisse :

  • 78 % des cadres anticipent une dégradation du niveau de vie en France d’ici un an (+ 2 points), soit le même score qu’en fin d’année 2022 et le sommet de ces deux dernières années ;
  • 56 % des décideurs pensent que, dans les mois qui viennent, le nombre de chômeurs en France augmentera, indicateur en hausse de 5 points depuis janvier 2023 alors que le gouvernement s’apprête à lancer le chantier de la loi « Plein emploi » ;
  • Près de 6 décideurs sur 10 pensent que leur situation financière va se dégrader dans les mois qui viennent (59 %) et 73 % anticipent des opportunités de progression faibles pour les prochains mois (+ 4 points) ;
  • Unique indicateur en hausse, qui freine la rechute, 41 % des décideurs estiment que leurs collaborateurs sont actuellement motivés, score en hausse de 4 points, qui retrouve son niveau de la fin de l’année 2022. Le grand public envoie quant à lui un signal dissonant sur ce sujet, puisque seuls 35 % des actifs estiment leurs collaborateurs motivés (- 5 points depuis janvier).

S’agissant des indicateurs de relance et dans un contexte de tension internationale, prime aux avantages pour ceux qui produisent en France : c’est par là que passera l’amélioration de la situation économique de la France pour plus de la moitié des décideurs (54 %, + 11 points). Leur confiance dans la capacité de l’Etat et de la puissance publique à améliorer la situation économique marque une chute de 3 points, les entreprises et l’innovation étant les plus à même de relever ce défi (40 %, + 6 points).

Concernant le grand public et alors que la crise du pouvoir d’achat s’intensifie et ne s’apprête pas à ralentir, c’est par une baisse des prélèvements sur les ménages que le salut économique passera (44 %), ainsi que par une augmentation du SMIC (37 %).

L’environnement et les entreprises : une urgence qui accuse le coup de la conjoncture nationale

Alors que, conjoncture sociale et politique oblige, les préoccupations sont plus que jamais articulées autour des enjeux du moment (pouvoir d’achat, inflation, retraites) et que l’hiver frappe encore, le niveau d’inquiétude sur le changement climatique connait une légère baisse malgré des scores encore élevés. 80 % des décideurs (-3 points) et 73 % des Français se disent inquiets à ce sujet.

Une courte majorité des décideurs (52 %, + 2 points) et 46 % (- 1 point) des actifs estiment que l’organisme dans lequel ils travaillent est engagé sur les enjeux environnementaux. Parmi les actions mises en place dans les entreprises, la réduction de la consommation d’énergie concerne 61 % (+4 points) des décideurs et 47 % des actifs. Enfin, si 64 % des décideurs, score stable, estiment que l’engagement de leur entreprise a augmenté ces trois dernières années, seuls 52 % des actifs français rejoignent cette position, un score qui accuse même une baisse de 4 points depuis janvier.

L’après réforme des retraites : un réformisme économique en débat

Score attendu mais qui témoigne néanmoins de par son ampleur de la profondeur de la crise qui s’ouvre, 84 % des décideurs estiment que le gouvernement sort affaibli de cette séquence (57 % estimant qu’il en sort très affaibli), en revanche considérée comme profitable aux syndicats par une majorité d’entre eux (58 %). S’agissant du grand public, « seuls » 69 % des Français estiment que le gouvernement sort affaibli de cette séquence, 43 % jugeant néanmoins qu’il en sort « très affaibli ». Le regain de positif s’agissant des syndicats se confirme aussi dans l’opinion mais de manière moins marquée, un Français sur deux les considérant renforcés (50 %). Enseignement général à noter, la séquence ne semble ne profiter qu’aux syndicats, l’ensemble des autres corps étant considérés comme en ressortant plus affaiblis que renforcés : gouvernement, salariés, entreprises et médias.

Enjeu consensuel dans l’opinion, la question de l’emploi des séniors recueille des taux élevés d’approbation (79 % pour les décideurs et 63 % dans l’opinion). Pour autant « l’index séniors » rejeté par l’Assemblée nationale mais adopté par le Sénat ne séduit pas massivement l’opinion : seulement 25 % des décideurs et 23 % des Français le considèrent comme un outil efficace pour favoriser l’emploi des séniors.

Partagés entre une réforme à laquelle ils sont majoritairement opposés et l’attrait pour embrasser de nouveaux sujets essentiels, 44 % des Français estiment que le gouvernement a raison de vouloir tourner la page de la réforme des retraites en s’intéressant à la question du travail, opinion partagée par 56 % des décideurs.  Les premières pistes évoquées par l’exécutif apparaissent accueillies favorablement aussi bien par les décideurs que le grand public : notamment la création d’un compte épargne-temps universel (76 % des décideurs et 64 % des Français y sont favorables ainsi que la semaine de 35 heures en 4 jours (71 % et 63 %). Des signaux qui devraient néanmoins se révéler trop faibles pour contenir une colère sociale de plus en plus aiguë.

 

François Miquet-Marty
Président

Adrien Broche
Responsable des études politiques et publiées

Par :

François Miquet-Marty
Adrien Broche
Lola Lusteau

 

Publié le 27/03/2023

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