Économie et entreprises

Baromètre des décideurs. Viavoice – HEC – Le Figaro – BFM Business. Septembre 2022

Face aux anticipations de ralentissement économique

Une singulière négligence de la croissance

C’est une histoire qui ne s’accomplit pas : face aux anticipations de ralentissement économique pour les mois qui viennent, les Décideurs et les Français dans leur ensemble pourraient promouvoir la quête de croissance et les leviers en sa faveur.

Pourtant, cette nouvelle livraison du Baromètre des Décideurs Viavoice – HEC Paris – Le Figaro – BFM Business révèle l’avènement d’un tout autre scénario : s’ils anticipent majoritairement un ralentissement d’activité, les uns comme les autres, de manière singulière, privilégient plutôt des taxations de superprofits et des boucliers tarifaires en matière énergétique.

Horizon en berne

Un « consensus » des opinions publiques et des experts se fait jour : pour les « mois qui viennent », 86 % des décideurs et 73 % des Français anticipent un ralentissement de la croissance, voire une récession. Ces perceptions font écho aux prévisions qui envisagent une croissance nulle quatrième trimestre (Insee, Point de conjoncture du 7 septembre 2022) et très faible voire négative en 2023 (1 % selon Bercy ; 0,2 % selon l’Insee après 2,6 % en 2022 ; entre 0,8 % et – 0,5 % selon la Banque de France).

Cet assombrissement s’inscrit dans le triple contexte de la crise énergique et des tensions inflationnistes qui risquent d’obérer la demande ; d’une offre contenue par des difficultés d’approvisionnements et de recrutements ; et du resserrement des politiques monétaires.

Ces inquiétudes se déclinent en anticipations concrètes de plus en plus pessimistes :

  • 77 % des Français (+4 points par rapport à juin, +27 par rapport à septembre 2021) estiment que le « niveau de vie en France » va « se détériorer » ;
  • 60 % des Décideurs (+5 points par rapport à juin, + 26 par rapport à septembre 2021) estiment que leur « situation financière personnelle » va se détériorer.

Ces inquiétudes prévalent malgré les perspectives de progression du salaire moyen de 5,5 % en 2023 (contre 5,4 % en 2022) à la faveur des négociations salariales attendues (Banque de France).

Plutôt qu’une quête de croissance, de nouvelles aspirations de régulations

Face à ces perspectives, les solutions souhaitées négligent singulièrement la quête de croissance. Au palmarès des priorités attendues s’imposent :

  • La « taxe sur les superprofits des grandes entreprises » citée en troisième position (41 %) par les Décideurs et en première position par les Français (44 %) ; cette taxe, refusée par Bercy, a été votée par l’UE (« contribution de solidarité » à 33 % sur les profits pétroliers 2022 excédant de plus de 20 % la moyenne des trois années précédentes) ;
  • Le « maintien du bouclier énergétique en 2023 » placé en première position    (46 %) par les Décideurs et en deuxième par les Français (44 %). La Première ministre y a pour l’essentiel répondu avec un bouclier maintenu en 2023 malgré des hausses de 15 % sur les tarifs du gaz et de l’électricité (contre 4 % en 2022, et contre 120 % en réalité attendue) ;

A ces deux priorités s’ajoute la « remise en marche » du « plus grand nombre possible de centrales nucléaires ».

En contrepoint, la volonté de « soutenir plus massivement la R&D et l’innovation des secteurs économiques d’avenir » est citée seulement en cinquième position    (30 %) par les Décideurs et en neuvième position (14 %) par les Français ; l’idée de « réduire la fiscalité et le rôle de l’Etat » en neuvième position (19 %) par les Décideurs et en cinquième position (27 %) par les Français.

Singulière lecture sociétale d’une crise multiforme

Ainsi la crise actuelle est-elle surtout lue à travers un prisme sociétal, porté par des volontés protectrices (bouclier), de justice sociale ou de bouc-émissaires (superprofits). Cette lecture illustre une société où les tensions sur le pouvoir d’achat sont devenues prioritaires, où les perspectives de déclassement personnel sont majoritaires, et où les performances économiques sont volontiers décriées.

A cette aune, le moral des Décideurs s’arrime sur un niveau très faible (-34). Ce pessimisme, ou a minima cette prudence n’augure rien de bon dès lors que ces Décideurs sont aux avant-postes de l’économie. Pour les entreprises, cette nouvelle séquence appelle aussi des remobilisations en faveur du dynamisme économique.

 

François Miquet-Marty
Président

Par :

François Miquet-Marty
Adrien Broche

 

Publié le 27/09/2022

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