François Ruffin
Une notoriété à amplifier mais la compétence de la proximité
Première enquête d’ampleur sur le député de la Somme, l’étude Viavoice – Libération sur François Ruffin révèle des constats frappants : en dépit d’un déficit de notoriété, il bénéficie de traits d’image prometteurs qui font de lui une personnalité qui pourrait participer à la restructuration de la gauche à l’avenir.
Une notoriété encore faible mais une opinion bienveillante
Premier élément marquant de l’étude inédite menée par Viavoice pour Libération, François Ruffin est identifié par environ 6 Français sur 10. Si ce score demeure honorable pour une personnalité politique encore de niche, une marge de progression certaine doit être comblée pour le député Insoumis, exigence en partie héritée d’une proposition politique tournée vers les catégories modestes :
- Plus d’un employé/ouvrier sur deux (51 %) et 40 % des professions intermédiaires ne se prononcent pas lorsqu’on les interroge sur leur opinion vis-à-vis de François Ruffin, contre seuls 31 % des cadres et 29 % des retraités ;
- François Ruffin souffre aussi d’un déficit de notoriété chez les plus jeunes, près de 6 Français sur 10 âgés de 18 à 24 ans n’ayant aucune opinion sur lui.
Le député de la Somme recueille 42 % d’opinions positives chez les sympathisants de gauche et 48 % chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Des scores significativement supérieurs à la moyenne nationale mais dont le potentiel n’est pas atteint : 28 % des sympathisants de gauche et 32 % des électeurs du leader insoumis ne se prononcent pas.
En dépit d’un déficit de notoriété, François Ruffin bénéficie d’un regard bienveillant et intéressé dans l’opinion :
- Si seuls 20 % des Français ont une opinion positive de lui (+ 3 depuis le mois d’octobre, ce qui en fait néanmoins la 18e personnalité politique préférée des Français, devant certains ex-candidats à l’élection présidentielle), 28 % estiment que ses idées et sa personnalité sont une bonne chose pour le débat public, dont 37 % des professions intermédiaires et 61 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
- Dans ce contexte, même si 32 % des Français déclarent ne pas connaître ses convictions, 21 % d’entre eux affirment les partager, ce qui est également le cas pour 51 % des électeurs Mélenchon et 44 % des électeurs de Yannick Jadot, signaux encourageants pour le député Insoumis. 30 % déclarent néanmoins ne pas les partager.
C’est sans surprise sur la question sociale, structurante dans le débat public depuis maintenant de nombreux mois, que François Ruffin assoit sa crédibilité :
- 28 % des Français le considèrent crédible sur la protection sociale, les inégalités sociales ainsi que sur l’égalité entre les femmes et les hommes.
- Peu identifié sur l’international, l’Europe, le régalien (sécurité et immigration) et l’économie, l’Insoumis est face à un défi de taille : intensifier son identification sur les questions sociales tout en s’affirmant et se crédibilisant sur ses points faibles.
Les traits d’image de François Ruffin : proximité et compétence
Attentif à son ancrage territorial, l’opinion entretient des perceptions positives vis-à-vis de la personnalité de François Ruffin :
- Ce dernier apparaît proche des gens pour 30 % des Français et en mesure d’apporter des solutions utiles aux Français pour 27 % d’entre eux.
- Un Français sur quatre considère qu’il peut être une alternative à Marine Le Pen et à Emmanuel Macron (25 %).
- Souffrant d’une image encore trop peu associée à une gestion des affaires et des crises internationales, près de la moitié des sondés le considèrent comme n’ayant pas les compétences pour sortir la France des crises actuelles (47 %) et pas crédible pour devenir président de la République (49 %).
S’il apparaît moins présidentiable que Jean-Luc Mélenchon (21 % conte 28 %), François Ruffin bénéficie de traits de personnalité globalement à son avantage : plus proche des Français (29 % contre 22 %), nettement plus honnête (29 % contre 15 %), sensiblement plus compétent (26 % contre 22 %), moins radical et moins inquiétant que le leader Insoumis.
Alors que les Français déclarent ressentir de l’indifférence et de l’incompréhension à l’évocation du nom de François Ruffin (respectivement par 40 % et 24 % de la population), résultats en ligne avec un taux de notoriété encore timide, il évoque néanmoins de l’espoir et de l’enthousiasme pour 21 % et 19 % des Français, enseignements non négligeables dans un contexte de défiance et de rejet généralisé du personnel politique.
François Ruffin et la gauche
Associé à la France insoumise par 28 % des Français, ils sont malgré tout 15 % à le considérer comme une personnalité politique indépendante et la même proportion à l’accoler à la coalition NUPES. L’opinion se montre partagée sur ses possibilités d’autonomisation, 27 % des Français considèrent qu’il devrait fonder son propre mouvement politique et 23 % qu’il devrait rester membre de La France insoumise.
Enfin, l’éventualité d’une candidature de François Ruffin à l’élection présidentielle n’apparaît pas inconcevable, 12 % des Français et 24 % des sympathisants de gauche souhaitant qu’il incarne la prochaine candidature LFI, soit des scores alignés avec ceux qu’obtient en l’état Jean-Luc Mélenchon.
Adrien Broche
Consultant opinion