De la solitude choisie à la solitude subie
Enquête sur une “sociose”
Les faits seraient établis : la pandémie de Covid-19aurait considérablement abîmé les relations entre lesgens, dans le contexte des confinements successifset de la « mise à distance » de l’autre2. Aujourd’hui,plus de trois ans après le déclenchement de la « période Covid », prévaudraient une rémanence de cetraumatisme à la fois collectif et individuel et unedifficulté, pour beaucoup, à renouer des relationsavec d’autres.
Pourtant, cette étude réalisée par Viavoice et BloomTime pour la Fondation Jean-Jaurès révèle un portraitplus divers des pathologies actuelles. Souvent, lesrelations entre les personnes font écho à des difficultés relationnelles profondes, comme si une part dessolitudes relevait aussi d’une « sociose » (accentuéepar la pandémie), pathologie du lien dans la société,appelant en retour des réponses plus ambitieuses quela seule « sortie de la période Covid-19 ».
En outre, la notion de « solitude » est souvent envisagée de manière trop générique, et recouvre enréalité des phénomènes très polymorphes. Deuxregistres très différents de solitudes apparaissent : lessolitudes objectives, en fonction du nombre de personnes proches à domicile, sur le lieu de travailou d’études, ou parmi les amis ; les solitudes subjectives : le fait de se « sentir seul », sur des registres relationnels, affectifs, identitaires, existentiels, etc. Parailleurs prévalent des solitudes choisies, souvent sinécessaires dans le monde actuel – et à l’inverse dessolitudes subies.
C’est ce kaléidoscope de réalités et de perceptions, devécus heureux ou moins heureux qu’il s’agit de mieuxidentifier et de tenter de mieux comprendre afin dedessiner, en regard, un nouvel âge de sociabilités.