Économie et entreprises

2024 sous le signe de la fébrilité
Un carré d’inquiétudes nouveau et singulier

À l’issue d’une année où l’inflation a connu des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis plus d’une trentaine d’années en France, les prévisions économiques pour l’année qui vient se révèlent pessimistes. Dans ce contexte, où en est l’opinion des cadres et des Français ? Quel regard portent-ils sur l’année écoulée et projettent-ils sur celle qui vient ?

Une stagnation du moral des cadres

La nouvelle livraison du baromètre Viavoice – HEC – Le Figaro et BFM Business témoigne d’une très légère baisse du moral des cadres qui s’établit à -35 contre -34 au mois de septembre dernier. Si la proportion de cadres qui estiment que le niveau de vie s’améliorera est en légère hausse (18 %, +3 points), ils sont 62 % à estimer que le nombre de chômeurs augmentera dans les mois à venir (+ 8 points). La plupart des autres indicateurs s’avèrent en stagnation.

S’agissant du grand public, la proportion qui s’inquiète pour l’augmentation du nombre de chômeurs est en nette progression : 71 %, le plus haut score sur cet indicateur depuis le milieu de l’année 2021.

La transition écologique des entreprises : la perception d’un engagement en nette hausse

Si les cadres comme les Français en général se déclarent, en cette fin d’année, sensiblement moins inquiets qu’au mois de septembre s’agissant du changement climatiques (respectivement 80 %, -3 points et 74 %, -5 points), la perception de l’engagement de leur entreprise progresse.

54 % des décideurs et 49 % des actifs estiment en effet que l’entreprise dans laquelle ils travaillent est engagée sur les enjeux environnementaux, des scores en hausse de 3 et 5 points depuis la rentrée.

Vers 2024 : un carré d’inquiétudes nouveau et singulier

Alors que le mois d’octobre a enregistré une hausse du taux de chômage et que les prévisions de croissance pour l’année 2024 ont récemment été revues à la baisse par la Banque de France, les cadres comme l’opinion en général font montre de préoccupations importantes :

• 65 % des cadres et 67 % des Français s’avouent pessimistes d’un point de vue économique pour l’année qui vient ;
• Une inquiétude qui affecte encore davantage les vies personnelles que les entités professionnelles : 7 décideurs et 7 Français sur 10 déclarent que la perspective d’une faible croissance suscite de l’inquiétude «pour eux-mêmes» dont ¼ s’estiment même «très inquiets». Une inquiétude aussi ressentie pour leurs entreprises pour une majorité de cadres et d’actifs (53 % et 54 %).

Ce temps des doutes repose sur une configuration originale : un nouveau carré d’inquiétudes aux yeux du grand public :
– La poursuite de l’inflation (58 %) ;
– La progression des prix du pétrole (45 %) ;
– De manière originale : les «niveaux élevés de prélèvement obligatoires» (32 %), préoccupation d’autant plus vive dans un contexte inflationniste (dont l’exemple argentin a offert une illustration caricaturale) ;
– Suivis par les «rivalités des grandes puissances économiques», et les guerres en Israël, à Gaza et en Ukraine.

De manière singulière, les défis climatiques ne sont cités qu’au cinquième rang des inquiétudes, illustration de la relativité des préoccupations et de leurs impacts perçus sur l’avenir de la conjoncture économique. Cette année 2023 s’achève sur une reconfiguration fondamentale des sous-jacents du moral économique, avec une intensité qui résonne comme une alerte sérieuse, dès lors que ce moral est lui-même promoteur de comportements.

Adrien Broche (Viavoice)
et François Miquet-Marty (Groupe Les Temps Nouveaux)