Une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle : une hypothèse qui fait son chemin
L’ « alignement des planètes » atteint en effet son paroxysme pour porter Marine Le Pen à ses plus hauts niveaux électoraux. Si en termes d’intentions de vote de second tour elle reste distancée, de nombreux éléments montrent que la candidate frontiste progresse sur plusieurs points à la faveur d’un contexte exceptionnel :
Pour autant, seul Emmanuel Macron apparaît à ce stade de la campagne en position de concurrencer l’extrême-droite :
La victoire de Marine Le Pen : une bonne chose pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme ?
Au-delà de son image « dédiabolisée » et de sa « présidentialité » perçue, la candidate frontiste réussit à convaincre une part toujours plus importante de l’opinion publique concernant les grands enjeux pour la France, notamment sur les questions régaliennes.
Ainsi, une hypothétique victoire de Marine Le Pen – si elle n’est souhaitée que par 30 % des Français –représenterait pour une (courte) majorité d’entre eux des aspects positifs :
À tel point qu’aujourd’hui ce sont principalement les questions économiques (avec au premier plan la sortie de l’euro ou de l’UE) qui empêchent une majorité – notamment parmi l’électorat de droite – de basculer réellement vers le Front national :
En d’autres termes, ce n’est plus tant aujourd’hui la dimension xénophobe ou antirépublicaine du Front national qui limite ses chances d’accéder au pouvoir, mais surtout sa politique économique pleine d’incertitudes. Et si les Français donnent encore aujourd’hui majoritairement la priorité aux enjeux d’emploi et de pouvoir d’achat plutôt qu’à la sécurité et la lutte anti-terroriste, ces données montrent aussi qu’un éventuel inversement de ces priorités pourrait être fortement bénéfique à Marine Le Pen.
Le « système » : une réalité à géométrie variable
Dans ce contexte, et à l’heure où la plupart des candidats se présentent comme luttant contre un prétendu « système » (politique, médiatique, judiciaire ou financier), il apparaît que ce concept fait son son chemin avec 52 % des personnes interrogées qui déclarent croire en l’existence d’un « système ».
Une idée d’ailleurs présente dans tous les électorats : 61 % des sympathisants frontistes, 71 % des sympathisants de droite, 53 % des sympathisants du centre ou encore 49 % des sympathisants de gauche croient ainsi en l’existence d’un « système ».
Pour autant, ce « système » n’est pas perçu de manière homogène, et ne renvoie pas toujours à une vision « complotiste » des élites : certains pensent qu’il s’agit surtout de relations de proximité (18 %) ou de relations d’influence entre des élites partageant des intérêts communs (31 %) ; quand 46 % y voient une organisation structurée imposant ses décisions (46 %).
Enfin, il n’est pas évident de savoir quel serait le « candidat du système » : si François Fillon se présente comme une victime, 34 % des personnes convaincues de l’existence d’un système pensent qu’il est celui qui en bénéficie le plus, contre 30 % pour Emmanuel Macron et 8 % pour Marine Le Pen.
Quoi qu’il en soit, il est indéniable qu’à la faveur des affaires et du positionnement de la plupart des candidats, la notion de « système » s’introduit dans le débat public, particulièrement chez les sympathisants de droite. On peut se demander, dans ce contexte, quelle doit être la position des candidats « républicains » : continuer à dénoncer le système, au risque de faire le jeu du Front national, ou dénoncer ce discours, et laisser le monopole de l’ « antisystème » à Marine Le Pen.