Santé et interêt général

Baromètre France 2025 – Les nouvelles formes de travail – Mars 2022

Des solutions pour la France de 2025 ?

Les tendances de radicalisation

Cette campagne présidentielle 2022 est-elle vraiment une morne plaine ? En réalité, cette nouvelle livraison du baromètre France 2025 Viavoice Generali Radio Classique révèle que, pour imaginer des solutions à horizon 2025, les sensibilités extrémistes marquent des points, à gauche comme à droite.

Solutions pour 2025 : la progression des extrêmes

Les Français expriment une idée plus précise de la capacité des candidats à l’élection présidentielle à préparer la France en 2025 : ils se positionnent davantage pour désigner les personnalités politiques qui leur semblent apporter les meilleures réponses pour l’avenir (-7 points sur le non-réponse).

  • Notamment au profit de Jean-Luc Mélenchon, qui réalise une progression de 9 points et devance désormais la candidate LR. Fabien Roussel crée la surprise en réalisant une hausse de 7 points, se positionnant parmi les trois candidats de gauche considérés comme les mieux équipés pour préparer l’avenir.
  • Marine Le Pen et Éric Zemmour sont également plus identifiés comme étant capables d’apporter les meilleures réponses pour préparer la France en 2025, en enregistrant tous les deux des hausses de 4 points.

Crise de la représentativité des sujets : une campagne qui ne parle toujours pas suffisamment des vraies préoccupations

Cette campagne présidentielle apparaît très largement comme peu désirable : près des trois quarts des Français estiment que la campagne présidentielle actuelle ne présente pas de bonnes idées, une perception négative qui s’accentue légèrement (+ 3 points).

La faute à qui, la faute à quoi ? Un premier élément de réponse peut s’appréhender au regard d’un décalage persistant entre les préoccupations réelles des Français (pouvoir d’achat, santé, climat, éducation) et les sujets présents dans le débat politique qui portent principalement sur la sécurité (l’insécurité des biens et des personnes, l’immigration, le terrorisme).

  • Ce constat se valide autour de trois enjeux : la santé d’abord, qui est beaucoup moins perçue dans les débats de la campagne présidentielle (une perception qui chute de 9 points) alors qu’elle constitue le deuxième sujet le plus important pour eux ;
  • Sur l’écologie ensuite, puisque la présence de ce sujet dans les débats semble s’amenuiser, sans doute au regard de l’actualité internationale, puisque ce sujet est bien moins perçu dans les débats actuels qu’en janvier (- 5 points) alors qu’il se positionne à la troisième place des enjeux les plus préoccupants pour les Français ;

Enfin, l’éducation s’installe comme la grande oubliée de cette campagne : un tiers des Français la cite comme un sujet de préoccupation majeur (sujet qui arrive en quatrième position parmi leurs préoccupations) alors qu’ils sont seulement 7 % à en entendre parler dans les débats actuels (arrivant en 16e position parmi les sujets dont ils entendent parler).

L’enjeu central du pouvoir d’achat : une réponse politique attendue

Plus que jamais, le pouvoir d’achat apparaît comme la thématique qui préoccupe le plus les Français, pour plus d’un Français sur deux (54 %, soit une progression de 8 points par rapport à janvier 2022).

Les Français estiment que ce sujet est davantage présent dans la campagne présidentielle (une présence perçue dans le débat médiatique en hausse de 11 points par rapport à janvier 2022), mais cela ne suffit pas : ils attendent beaucoup plus de propositions et d’échanges sur cet enjeu (15 points d’écart entre leur niveau de préoccupation et la présence du sujet dans le débat public).

Travailler en 2025

Sous le télétravail et l’impact sociétal, les autres faces du travail souhaité

Pour ceux qui exercent une activité professionnelle : une évolution du monde du travail imaginée, qui pourrait ne pas être celle souhaitée

Premier enseignement majeur de l’étude : une France active clivée en deux s’exprime clairement. L’une prévoit un changement de son rapport au travail (47 %), l’autre ne l’anticipe pas (49 %).

Ces changements attendus par une partie de la population semblent plutôt souhaités, puisque 58 % des Français actifs estiment qu’ils souhaiteraient voir leur rapport au travail changer.

Ce double constat est le signe d’une scission importante de l’opinion publique sur la réalité des changements à venir, entre ceux qui peuvent l’anticiper pour eux- mêmes et ceux qui ne le peuvent pas.

Conséquence d’un nouveau rapport au travail sur le plan de l’organisation du travail, ce même mouvement s’opère :

  • Si près d’un actif sur deux souhaite un changement concernant l’organisation dans leur travail (télétravail, temps de travail), les Français actifs se montrent plus pessimistes sur une évolution réelle à venir sur ce sujet : seulement 38 % d’entre eux pensent que ce sera le cas.

Elément structurant, ceux qui pratiquent le télétravail anticipent davantage tous les changements évoqués, mais c’est sur le rapport au travail (pour 69 % d’entre eux contre 58 % de l’ensemble des actifs) et sur l’organisation de celui-ci (pour 68 % d’entre eux contre 51 % de l’ensemble de la population) qu’ils souhaitent particulièrement voir des améliorations.

Ces évolutions s’inscrivent dans un mouvement plus global lié à un nouveau niveau d’exigence envers les entreprises : une majorité des actifs (56 %) pensent que leurs exigences et leurs attentes envers leur entreprise vont changer (conditions de travail, salaires, sens du travail), de quoi engager les entreprises dans ces réflexions.

En toile de fond, des évolutions du monde du travail qui suscitent des inquiétudes

Si les évolutions liées au travail, aussi bien dans le fond que dans la forme, divisent les Français, le caractère choisi et subi de ces évolutions clive aussi l’opinion publique :

  • Une grande partie d’entre eux, 47 %, pensent que les changements seront subis, imposés par l’entreprise et ses nouvelles contraintes qui s’exercent sur elles ;
  • Seulement 18 % des répondants estiment qu’ils seront choisis, impulsés par de nouvelles attentes et demandes des Français ;

Et plus d’un quart d’entre eux pensent qu’il n’y aura pas de changement dans la façon de travailler en France.

Au-delà du caractère subi, ces changements pourraient générer de nouvelles inégalités : une majorité des Français (64 %) craignent que les prochaines évolutions dans le monde du travail entrainent des inégalités, qui toucheraient singulièrement les travailleurs seniors (55 ans et plus). Les nouvelles organisations posent sans doute la question des outils de communication mais aussi de la culture managériale qui est bouleversée et qui semble induite par ces évolutions.

Mais plus globalement les Français estiment que « tout le monde » pourrait subir de nouvelles inégalités générées par ces évolutions, signe d’un besoin réel de dialogue sur les conséquences de ces évolutions que l’on fantasme parfois.

Les nouveaux enjeux des entreprises : reconnaissance et qualité de vie

Dans ce contexte, les critères de choix pour travailler dans une entreprise se déploient sur trois registres :

  • D’abord c’est la question de la reconnaissance au travail intrinsèquement liée au critère financier. Pour choisir une entreprise dans laquelle travailler à l’avenir, 64 % des Français seront d’abord attentifs au salaire.
  • Suivi de la qualité de vie et du bien-être au travail qui, pour 47 % d’entre eux, sera prioritaire.
  • Juste devant la situation géographique par rapport au lieu de résidence qui recueille 31 % des réponses.

Il faut noter que les 25 34 ans, les entrants sur le marché du travail, sont surreprésentés parmi les personnes qui auraient pour critère prioritaire l’engagement de l’entreprise pour la société, son impact (13 % contre 8 % de l’ensemble).

Ceux qui pratiquent le télétravail sont plus nombreux à considérer l’organisation du travail proposée (35 % contre 17 %) et le style de management (25 % contre 14 %) comme des critères prioritaires pour choisir leur entreprise.

Au regard de ces constats, les Français identifient clairement les nouveaux enjeux des entreprises qui répondent assez bien à ces nouvelles exigences :

  • Dès lors, les salaires et leur revalorisation apparaissent comme le premier enjeu qui mobilisera les entreprises à l’horizon 2025 (pour 56 % des Français).

Aussi, plus d’un tiers des Français estiment que les entreprises devront répondre à de nouvelles attentes des salariés (qualité de vie au travail, services) d’ici 2025.

Des réponses attendues qui engagent nos entreprises notamment au regard de la pénurie de main d’œuvre anticipée par un tiers des Français. Signe que ces derniers sont convaincus de ces nouvelles exigences pour l’avenir dans le monde du travail, 62 % estiment qu’il serait possible qu’en France il puisse exister un phénomène de « big resignation » connu actuellement aux Etats-Unis où des millions de travailleurs quittent leur emploi ces derniers mois

Vers 2025, ou l’autre face du travail souhaité

Ainsi, dans la perspective de 2025, les résultats de cette étude sont passionnants parce qu’ils révèlent des aspirations très majoritaires, en faveur d’un monde du travail qui n’est pas celui imaginé spontanément.
Si les enjeux de télétravail, de responsabilité des entreprises, de défi de
l’impact sociétal, sont essentiels, ils n’apparaissent pas comme les idéaux les plus mobilisateurs pour la plupart des Français à horizon 2025. Prévalent surtout « l’évolution des missions et du poste dans l’entreprise », autrement dit la mobilité, ainsi que le salaire, la qualité de vie et le bien-être au travail.

Parmi les futurs critères de choix d’une entreprise, les nouvelles modalités d’organisation du travail (télétravail) se situent seulement en cinquième position (17 %), même s’il est vrai que le télétravail ne peut pas concerner l’ensemble des salariés. Surtout, l’engagement des entreprises pour la société, leur impact sociétal ne sont cités qu’en neuvième position (8 %).
Ainsi ces enseignements révèlent-ils une autre histoire, souhaitée, pour
l’avenir du travail. Ils indiquent que la révolution du travail en cours est loin d’être aboutie, et qu’elle s’opère sur l’ensemble des registres de « ce que le travail veut dire », dans la perspective d’une refondation globale. La réinvention du travail se nomme diversité.

Par :
François Miquet-Marty
Stewart Chau
Adrien Broche

 

Publié le 09/03/2022

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