Santé et interêt général

L’accès aux soins et les déserts médicaux. Essentiel santé. Juin 2022

Les déserts médicaux en France

Un double constat : difficultés et inégalités d’acccès aux soins

 

Une renoncement aux soins fréquent : l’accès de plus en plus difficile aux soins

Premier élément marquant de l’étude, une part non négligeable de Français déclare avoir dû renoncer à des soins. Loin d’être exceptionnels ou anecdotiques, les chiffres sont particulièrement saisissants :

  • Près d’un tiers des Français (31 %) déclarent avoir déjà renoncé à aller voir un médecin généraliste alors qu’ils en avaient besoin. Parmi eux, 18 % déclarent avoir dû renoncer « plusieurs fois » ;
  • Ce chiffre est encore plus conséquent dans le cadre d’une consultation chez un spécialiste. A ce titre, c’est 42 % des Français qui disent avoir dû renoncer à un rendez-vous chez un médecin spécialiste alors qu’ils en avaient besoin, et 25 % « plusieurs fois ».

Point majeur, c’est auprès des tranches de la population les plus jeunes (18-49 ans) que le renoncement à des soins est particulièrement frappant, que ce soit dans le cadre d’un rendez-vous chez un médecin généraliste ou chez un spécialiste.

A noter que les critères géographiques et de territoires ne sont pas significativement discriminants, l’accès aux soins semble s’imposer à tous.

Les raisons qui poussent les Français à renoncer à un rendez-vous médical se déploient sur trois registres principaux :

  • Le temps, 30 % y ont renoncé car le rendez-vous n’était pas suffisamment rapide ;
  • L’absence de disponibilité, 30 % ont renoncé à un rendez-vous car ils n’en ont pas trouvé ;
  • Et l’argent, 26 % expliquent ce renoncement pour des raisons financières.

 

 Le constat partagé d’une inégalité d’accès aux soins en France

Plus d’un tiers de la population française a ainsi renoncé à prendre rendez-vous chez un médecin (généraliste ou spécialiste). Au-delà de ce constat, les Français déplorent une dégradation de la situation sur ces 4 dernières années et restent très inquiets pour l’avenir.

  • 42 % estiment que sur ces 4 dernières années il est de plus en plus difficile d’avoir accès à un généraliste, un constat de dégradation très marqué auprès des habitants d’Ile-de-France (52 %) ;
  • Et un chiffre sans appel pour l’accès aux spécialistes car ils sont 67 % à déplorer la difficulté grandissante d’accès à ces médecins ;

Au regard de ces chiffres les Français sont clairs, 75 % estiment qu’aujourd’hui en France il n’y a pas de réelle égalité entre les Français en termes d’accès rapide et facile à des soins de qualité sur l’ensemble du territoire.

L’accès difficile à des soins est donc un enjeu communément partagé mais constituant une difficulté majeure pour les habitants des communes rurales.

  • 46 % des Français estiment que dans la ville ou la commune dans laquelle ils habitent il reste difficile d’avoir accès rapidement à des soins de santé, un chiffre qui touche plus particulièrement les 35-49 ans ainsi que les 50-64 ans (54 %).
  • De manière attendue, 63 % des Français qui habitent en commune rurale sont touchés par cet accès difficile aux soins, mais c’est aussi le cas des 57 % des Français résidant dans des villes de 20 000 habitants à 99 999 habitants.

 

L’accès aux soins et les déserts médicaux : l’enjeu prioritaire des Français

Les constats tirés par les Français dans cette enquête inédite témoignent de l’importance de cet enjeu pour la population. Ils sont d’autant plus profondément inquiets de l’avenir en matière de santé.

  • 58 % estiment qu’à l’avenir il sera plus difficile d’avoir accès facilement et rapidement à un médecin généraliste ;
  • Une anticipation plus négative en ce qui concerne l’accès aux spécialistes, 72 % pensent qu’il sera de plus en plus difficile d’avoir un rendez-vous à l’avenir.

A ce même titre, c’est la problématique des déserts médicaux qui s’installe dans l’opinion comme un enjeu central :

  • 44 % des Français estiment vivre actuellement dans un désert médical, c’est particulièrement le cas des populations résidant dans les communes rurales (67 %) ;
  • Et 53 % de la population estiment que l’un de leur proche habite dans un territoire touché par les déserts médicaux.

Ce constat est partagé par les Français et dépasse assez largement les habitants des communes rurales. Pour 84 % des Français l’enjeu des déserts médicaux est important voire prioritaire, seulement 7 % estiment que c’est un sujet secondaire.

D’ailleurs, ils sont tout autant inquiets sur l’évolution de la situation puisque 77 % ne se disent pas confiants quant à l’amélioration de la situation des déserts médicaux en France.

Lutter contre les déserts médicaux : des mesures incitatives qui agissent aussi pour l’attractivité des territoires

Pour lutter contre les déserts médicaux et favoriser l’accès aux soins pour tous les Français, trois acteurs doivent agir prioritairement :

  • L’Etat et le gouvernement, pour assurer une législation égale sur le territoire
  • Les collectivités territoriales, pour favoriser la mise en application concrète de ces mesures
  • Les jeunes médecins, responsabilisant ainsi les jeunes diplômés

A ce titre, les Français plaident pour trois registres de mesures :

  • Un premier « paquet » de mesures visant la facilitation d’installation des médecins.

42 % jugent efficaces les mesures visant à faciliter l’arrivée de médecins en garantissant le logement, en mettant un local à disposition par exemple ;

40 % des Français jugent efficace la mesure visant à multiplier l’installation des « maisons de santé » dans les territoires touchés par les déserts médicaux.

  • Puis les Français responsabilisent également les jeunes médecins, en début de carrière, estimant intéressant de les obliger à s’installer dans un territoire, au même titre que les enseignants.

Au-delà de l’enjeu d’un accès égal aux soins pour tous, les Français estiment que l’accès à la santé dans un territoire participe à l’attractivité de ce dernier. En ce sens, 79 % estiment que l’accès à des soins de qualité dans un territoire renforce l’envie de s’y installer et favorise son attractivité.

Par :
Stewart Chau
Adrien Broche

 

Publié le 29/08/2022

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