Santé et interêt général

Les nouveaux défis du « bien-être »

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Chacun cherche sa voie

Bien-être ou pouvoir d’achat, bien-être avec Internet

Par Marie-Anne Malet, coordinatrice BloooomUp !

L’affaire serait entendue. Les Français seraient mal dans leur peau, pessimistes, déprimés. Le fatalisme prévaudrait.

Pourtant, cette livraison de la première vague du baromètre Viavoice – BloooomUp! révèle un tout autre portrait : une large majorité de Français déclarent « chercher la voie » en matière de bien-être, définissant non seulement une quête très partagée, mais également des solutions plus diversifiées que jamais.

L’ère nouvelle d’une multitude de quêtes personnelles

L’enseignement majeur de cette étude est très manifeste : 71 % des Français déclarent « chercher la voie » pour être mieux.

Cette quête, autant universelle que personnelle, est frappante par son ampleur. Elles’explique par un contexte dans lequel :
– Les insatisfactions prévalent : les trois quarts des Français déclarent avoir besoin de « davantage de bien-être chaque jour » ;
– Les insatisfactions s’intensifient : une large majorité (57 %) estime que « dans la longue durée », le « besoin de bien-être est de plus en plus important ».

Plus profondément, cette aspiration au bien-être constitue un véritable phénomène de société. Elle traduit plusieurs tendances majeures, actuelles et fondamentales :

–  Une critique de notre modèle de société. De manière frappante, 78 % des personnes interrogées affirment leur souhait de « consommer moins, acheter moins de produits nouveaux, mais avoir davantage de temps pour [leur] bien-être » ;

–  Une carence de repères collectifs, de valeurs d’équilibre par rapport à nos modes de vie actuels, pour certains une insuffisance de transcendance ou de religieux ; le « matérialisme » est dénoncé comme le quatrième des maux de notre société ;

–  Une solitude existentielle, choisie ou subie : les quêtes du bien-être sont singulièrement solitaires, intimes, et donc à construire par chacun, et par définition difficiles. Au registre des mécomptes de société, les personnes interrogées dénoncent en priorité « l’individualisation », et « le manque de respect ».

Une polyphonie de chemins

Les chemins envisagés pour trouver une part de bien-être s’apparentent à une polyphonie, illustration de la diversité des quêtes personnelles.

Au plus haut du palmarès sont citées les « petites joies du quotidien » (45 %) et la capacité de chacun à les apprécier, pour un bien-être ténu mais dont la force réside en la capacité de sublimer le moment présent, dont l’écrivain canadien Eckhart Tolle s’est fait le chantre (Le pouvoir du moment présent, J’ai Lu, 2010), ou bien encore Philippe Delerm (La première gorgée de bière, L’Arpenteur, 1997).

Corollaire de cette première aspiration, l’idée consistant à « prendre son temps » (39 %) est citée en deuxième position, dénonçant les prétentions d’une société trop rapide et accélération (Carl Honoré, Eloge de la lenteur, Babelio, 2004). Ces idéaux du moment et du rythme ouvrent la voie aux registres majeurs de la vie non professionnelle : « passer plus de temps avec [sa] famille » (33 %), « manger plus sain, plus équilibré » (29 %), « marcher dans la nature » (29 %).

Bien-être ou pouvoir d’achat, bien-être avec Internet

De manière singulière, la prise de distance par rapport à Internet est peu citée (7 %), alors que la « dépendance » est couramment mise en avant : ce faible score résonne comme un signe des temps qui vaut acceptation progressive du digital, ou réinscription du digital dans les ressorts du bien-être.

De manière plus frappante encore, 39 % des Français déclarent qu’ils préféreraient « être un peu moins bien payés, mais prendre un peu plus de temps pour leur bien-être », témoind’une évolution selon laquelle, pour certains publics, le « niveau de vie » ne constitue pas la pierre de touche exclusive du bien-être. Attention cependant : cette opinion est nettement surreprésentée (55 %) parmi les cadres, définissant ainsi la recherche d’un équilibre permanent entre finances et bien-être.

En outre, l’idée d’ « écouter les autres » n’est citée que par 4 % des personnes interrogées. La faiblesse de ce résultat interpelle en regard des critiques prononcées à l’encontre d’unesociété jugée trop individualiste : tout se passe comme si les dévoiements perçus de notre société n’appelaient pas de changement. Peut-être ce registre va-t-il s’épanouir à l’avenir.

Le bien-être est un apprentissage. Aujourd’hui, une très large majorité de Français estiment ne pas encore trouver leur compte, et le nombre si élevé de personnes « en quête » de bien-être, explorant des voies diverses, témoigne d’un mouvement massif, illustration d’unmalaise de société que les réponses collectives, politiques ou entrepreneuriales, n’épuisentpas.

Le bien-être est un chemin de vie qui conjugue la relation avec les autres, avec le plus intime en chacun de nous. C’est une histoire et un langage à conquérir.

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Marie-Anne Malet
ma.malet@bloooomup.com

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Lire l’intégralité de l’étude

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