Politique

Portrait d’opinion de Valérie Pécresse – Viavoice – Libération

Valérie Pécresse

L’alternative crédible ?

Sa victoire au Congrès LR des 2-4 décembre lui a décerné un nouvel élan d’opinion, à elle et à la droite républicaine. Selon certaines intentions de vote, elle serait possiblement au second tour de l’élection présidentielle face au président sortant. Mais qu’en est-il de ses traits d’image ? De sa crédibilité sur les différents enjeux ?

Valérie Pécresse : un capital d’image solide sur son socle électoral

Premier élément d’opinion marquant : Valérie Pécresse bénéficie d’un capital image positif auprès d’un tiers des Français :

  • 34 % d’entre eux ont une opinion positive de la candidate. Plus encore, ils ne sont que 43 % à avoir une image plutôt négative de l’actuelle présidente de la Région Ile-de-France.
  • C’est sur son socle électoral que son image reste très solidement ancrée, puisque 75 % des sympathisants de la droite et 78 % des électeurs Fillon de 2017 en ont une image positive, marquant là des points en matière « fédératrice » de son propre camp.
  • Elle parvient à capter l’attention des sympathisants de la majorité puisque 52 % d’entre eux en ont une bonne image.

Mais une désirabilité présidentielle contrastée au-delà de son socle électoral

Si la candidate LR bénéfice d’une image plutôt positive, peu de Français aujourd’hui lui souhaitent un destin présidentiel :

  • 22 % souhaitent qu’elle soit la prochaine présidente de la République.

Sur ce point, Valérie Pécresse parvient à convaincre respectivement 64 et 65 % des sympathisants de la droite et des électeurs Fillon de 2017. Elle élargit en partie sa sphère d’influence : 21 % des électeurs Macron de 2017 la verraient bien présidente.

Une crédibilité concernant surtout la marque du ‘faire’ et des enjeux phares

Concernant ses traits d’image, Valérie Pécresse est surtout reconnue pour sa capacité à « faire », l’un des thèmes directeurs de sa campagne en vue du Congrès LR.

  • Si 33 % pensent qu’elle pourrait apporter des solutions utiles pour les Français, 27 % seulement estiment qu’elle est proche des gens et 24 % qu’elle représente bien les gens comme eux.
  • Dans sa confrontation face à Emmanuel Macron, seuls 22 % estiment qu’elle aurait fait mieux que l’actuel chef de l’Etat.
  • Son image est fortement attachée au monde de l’entreprise et à la sécurité, enjeux sur lesquels les Français la jugent crédible. Mais concernant des enjeux tels que le pouvoir d’achat, l’écologie ou les inégalités sociales, Valérie Pécresse est loin de convaincre. Sur ces points, son taux de crédibilité oscille entre 23 et 28 %.

L’image de Valérie Pécresse, ou le double entre-deux

Actuellement, les incertitudes concernant l’évolution de la « dynamique Pécresse » procèdent donc d’un double entre-deux au sein duquel se situe son image aux yeux des Français :

  • Un entre-deux politique : si une partie des déficits d’image attribués à Emmanuel Macron par ses détracteurs sont « l’inaction » et la « distance » avec les Français, il apparaît que les perceptions concernant Valérie Pécresse répondent surtout à l’une de ces deux critiques : la présidente de la Région Île-de-France est prioritairement reconnue pour sa capacité à « apporter des solutions utiles aux Français », mais beaucoup moins pour sa proximité avec les gens.
  • Un entre-deux stratégique : la plupart des traits d’image aujourd’hui attribués à Valérie Pécresse illustrent le parcours d’une candidate de droite modérée parvenue à convaincre une majorité relative des adhérents LR, et aujourd’hui une partie des électeurs LR historiques en vue de la présidentielle ; dans la perspective de la présidentielle, ce positionnement appelle à être considérablement adapté pour fédérer des soutiens d’opinion dont la candidate peine aujourd’hui à se prévaloir.

Ainsi pour Valérie Pécresse s’ouvre aujourd’hui un nouveau temps de conquête, une campagne de premier tour après avoir conduit une campagne en vue du Congrès LR. Si l’impératif de cette « mue » peut apparaître comme une évidence, il est clairement illustré par les rapports de forces d’opinion révélés ici ; et c’est, indépendamment des « affaires », un repositionnement que François Fillon n’avait pas engagé à temps, fin 2016 et début 2017.

Surmonter une image d’« entre-deux » pour ancrer et réhabiliter une « droite républicaine » fédératrice et, peut-être, un nouveau clivage gauche-droite : une nouvelle page de la campagne présidentielle peut s’ouvrir engageant en système, bien-au-delà de la seule candidate LR, la plupart des principaux candidats en vue de 2022.

 

Par :
Stewart Chau

Adrien Broche

François Miquet-Marty

 

Publié le 11/01/2022

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