Économie et entreprises

Baromètre des décideurs. Viavoice – HEC – Le Figaro – BFM Business. Juin 2022

Après les séquences électorales
L’absence d’état de grâce, le temps de l’urgence

Alors que les échéances électorales présidentielle et législatives sont désormais passées, la séquence que nous vivons apparaît marquée par une très forte inquiétude et d’espoir d’amélioration de la situation économique de la part des Français. Les conséquences de l’instabilité internationale sont là et les enjeux d’inflation touchent les Français. La livraison du dernier baromètre des Décideurs Viavoice – HEC pour Le Figaro et BFM Business laisse à voir une inquiétude grandissante sur le front de l’économie.

Des anticipations de dégradation de la situation économique

En ce mois de juin, la confirmation des mauvaises prévisions enregistrées au mois d’avril vient ternir des temps difficiles et dessine les contours d’un avenir sombre :

-Premier enseignement, la poursuite de la chute de l’indice du moral des décideurs, qui s’établit à -36 soit 13 points en dessous du score enregistré il y a quelques semaines.

La dégradation des anticipations économiques se constate sur la totalité des indicateurs :

-76 % des décideurs et 73 % des Français anticipent une dégradation du niveau de vie en France d’ici un an, soit des bonds de 16 et 12 points depuis la précédente édition ;

-Plus d’un décideur et d’un Français sur deux (respectivement 51 % et 54 %) pensent que le nombre de chômeurs en France augmentera dans les années qui viennent, en hausse de 9 et 8 points ;

-Une dégradation de la situation financière personnelle est aussi prédite par 55 % des décideurs et 60 % des Français.

Ces résultats préoccupants sont évidemment à lire dans un contexte de crise aiguë du pouvoir d’achat qui annonce des temps économiques et sociaux difficiles, comme en témoignent les réponses anticipées :

-Pour les décideurs, l’amélioration de la situation économique de la France passera d’abord par des avantages aux entreprises qui produisent en France. Mais le contexte étant celui que l’on connaît, l’augmentation du SMIC est une réponse en nette augmentation (+7 points), ainsi que les aides pour la conversion écologique des entreprises ;

-Pour les Français, une baisse des prélèvements est attendue par 50 % d’entre eux, ainsi qu’une augmentation significative du SMIC et des minimas sociaux (43 %, +6 points).

Les entreprises et la question environnementale : l’atout de fidélisation et d’attractivité

Premier enseignement de ce premier « focus » sur l’enjeu environnemental : une large majorité de décideurs (79 %) et de Français (77 %) se déclarent inquiets concernant le changement climatique.

Néanmoins, seul 1 décideur sur 2 déclare que l’entreprise ou l’organisme dans lequel il travaille est engagé sur les enjeux environnementaux, dont seulement 9 % assurant qu’il est « très engagé ». L’occasion de faire le constat d’un gouffre entre le niveau de préoccupation et la maturité perçue des entreprises pour prendre au sérieux ces menaces.

Si la limitation de la production de déchets et la sensibilisation des collaborateurs apparaissent pour les décideurs et les actifs Français comme une action assez communément mise en place par l’entreprise dans laquelle ils travaillent les mesures suivantes visant à revoir les modes de production ou imposer des bilans carbone restent encore discrètes.

Pourtant, le regard des décideurs comme des Français sur l’engagement des entreprises pour l’environnement apparaît comme un atout à exploiter :

-Pour les trois-quarts des décideurs comme pour 69 % des Français, cet engagement participe à fidéliser et à attirer les talents, et il y participe même « beaucoup » pour 16 % d’entre eux.

Enfin, si cet engagement n’est pas encore optimal, les perspectives d’amélioration sont ici plutôt optimistes : 6 décideurs sur 10 assurent que l’entreprise pour laquelle ils travaillent s’est davantage engagée sur les enjeux environnementaux ces trois dernières années, et près d’un actif Français sur 2 partage ce constat.

La lutte contre l’inflation et la rentrée sociale : des temps agités

Alors que la crise inflationniste bat son plein avec une hausse de 5,8 % des prix à la consommation sur un an, les mesures les plus plébiscitées par les décideurs comme par les Français sont claires :

-Prime au blocage des prix, solution souhaitée par 48 % des décideurs et 53 % des Français

-Prime également, dans un contexte ou se multiplient les aides financières de court-terme, à l’augmentation des salaires pour 44 % des décideurs et 40 % des Français, ainsi qu’une augmentation du SMIC pour 41 % de ces derniers

Symbole de l’absence d’état de grâce dont est frappé le président de la République récemment élu, seuls 31 % des cadres et 20 % des Français estiment que le gouvernement d’Emmanuel Macron agit suffisamment pour protéger les Français de l’inflation.

Mécaniquement, les anticipations de mouvements sociaux sont très claires : pour une très large majorité de décideurs et de Français (87 et 85 %), la période partant du mois de septembre sera marquée par des conflits sociaux de grande ampleur.

Un avertissement à relativiser pour l’exécutif sur qui la pression est mise alors que la situation financière ne cesse de se dégrader, alors que 31 % des décideurs et 36 % des Français seraient prêts à se mobiliser personnellement dans le cas où de tels mouvements sociaux viendraient à s’organiser et que la perspective d’une crise financière partagée par 8 décideurs et Français sur 10 ajoutent de l’anxiété à une situation déjà fortement entachée de noirceur.

 

Stewart Chau
Directeur des études politiques

Adrien Broche
Consultant opinion

Par :

François Miquet-Marty
Stewart Chau
Adrien Broche

 

Publié le 04/07/2022

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